Bad Kids
Toulouse
Une autoréduction bon enfant
Categories: Class N' Casse

« C’est pour la mauvaise graine qui grandit sur un terrain gris / Ceux qui font l’école buissonnière parce que le ter-ter les instruit » (Pour les p’tits, Swift Guad)

« Pendant ce temps, il continue d’arriver des gens qui, voyant un groupe compact, n’achètent pas de billet. Giorgio se met au milieu et commence à organiser la percée. J’ai à peine le temps de me faufiler que je me retrouve dans un flot qui déferle dans une grande salle sombre, bourrée à craquer»
(Insurrection, Paolo Pozzi)

Après s’être retrouvée sans rendez-vous apparent dans le centre-ville de Perpignan, une centaine de gamins, âgés de 9 à 13 ans, venue des quartiers du Bas-Vernet et du Champs de Mars ont décidé d’aller se faire un petit ciné entre potes. Ce loisir banal l’est moins quand on n’a pas les poches pleines de thunes. Dans ces cas là, un peu d’audace et beaucoup de solidarité font l’affaire. Après une déambulation festive dans les rues piétonnes et commerçantes, la meute innocente s’est dirigée vers son objectif principal : le cinéma Mega Castillet, vaste complexe situé en périphérie. Pour s’y rendre, la centaine de complices emprunte les bus et en profite pour démontrer aux autres passagers que la fraude est une pratique qui ne demande ni talent insurmontable ni courage démesuré quand elle se pratique en groupe. Arrivés à bon port, sans avoir stressé une seule seconde d’une descente de contrôleurs, ces sales gosses comme on les aime jetèrent leur dévolu sur le dernier Paranormal Activity que la propagande des distributeurs annonce comme une véritable tuerie.
Ce ne sont pas les fans des Béruriers Noirs ni les ultras des matchs de foot qui diront le contraire : rien ne vaut une franche poussée collective pour pénétrer sans ticket dans l’enceinte d’un spectacle payant. Dès lors les agents de sécurité servant à matérialiser un cordon dissuasif se renversent comme un pauvre jeu de quille. Et voilà qui est fait ! En un rien de temps, les voici tous à l’intérieur, à courir de joie dans les couloirs direction la salle 12.
Bien sûr de nos jours les mouvements de foule sont vite repérés, et les pandores commencent déjà à s’activer aux abords du cinoche. D’autant qu’à l’intérieur de la salle 12, le film semble à chier. Les lunettes 3D commencent à voler à travers la salle et en direction de l’écran qui finira hors d’usage avant la fin de la pellicule. Quand ils pénètrent dans la salle les flics essuient des jets de projectiles de toutes sortes, des dites lunettes aux gobelets de pop-corn au point qu’ils doivent s’y mettre à une soixantaine pour refermer la nasse autour des jeunes et mettre fin à la fête. La projection a quant à elle été stoppée net. Et quelques jours après, le film déprogrammé de ce cinéma.

Il se murmure qu’à ce jour ce soit la meilleure critique du film qui ait été faite.

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