On a eu vent dans la presse de virées (« rolezinhos* ») groupées de jeunes des favelas et des quartiers populaires dans les temples de la consommation et du capitalisme, la plupart situés en plein coeur des quartiers chics de ces villes (Rio de Janeiro, Sao Paulo…). Ces sorties incontrôlées, qui ont émergé d’après la presse via les réseaux sociaux durant la période des « fêtes » de fin d’année, font flipper flics et commerçants, qui bossent main dans la main pour enrayer ces venues d’indésirables… Souhaitons que ces sorties émeutières s’amplifient et gagnent de nombreuses villes.

Brésil : des jeunes prennent d’assaut les centres commerciaux

Des rencontres convoquées sur les réseaux sociaux qui attirent des centaines de jeunes Brésiliens des banlieues dans les centres commerciaux et finissent souvent dans la confusion inquiètent autorités et commerçants qui veulent les interdire. Baptisées «rolezinhos» (virées ou descentes), ces réunions de jeunes qui peuvent difficilement s’acheter les articles en vente dans ces centres ont pour but de danser le «funk», de boire de la bière et de s’amuser dans ces espaces publics.

Ces «rolezinhos» ont fait leur apparition en décembre 2013 à São Paulo, mégapole et capitale économique du Brésil. Ils rappellent un peu les «flash mob» mais sont plus désordonnés. Et surtout ils dégénèrent souvent en vols de boutiques et affrontements avec les agents de sécurité des centres commerciaux et policiers.

Violences policières

Samedi**, un millier de jeunes convoqués via Facebook sont arrivés dans le centre commercial «Metrô Itaquera», à l’est de Sao Paulo. La police a utilisé des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser avec violence les jeunes, selon des images diffusées dans la presse.

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Le gouverneur social-démocrate (opposition) de l’Etat de São Paulo, Geraldo Alckmin, a déclaré que la police va enquêter sur ces violences policières. Mais il a souligné que la sécurité à l’intérieur des centres commerciaux est «privée». Le maire de gauche de la ville, Fernando Haddad, du Parti des travailleurs (PT, au pouvoir) a déclaré de son côté que son administration avait l’intention d’augmenter et d’améliorer les aires de loisirs dans les quartiers pauvres.

Les centres commerciaux ont fait appel à la justice pour empêcher ces rencontres qui provoquent un sauve qui peut général. Le week-end dernier, dans celui du quartier aisé d’Iguatemi à São Paulo, une résolution judiciaire infligeait une amende de 4 500 dollars (3300 €) pour quiconque participerait au «rolezinho». «Nous appuyons cette mesure, ces tumultes finissent souvent en vols», a déclaré mardi une porte-parole de l’Association brésilienne des commerçants des Shoppings (Alshop).

Un phénomène qui prend de l’ampleur

Mais les organismes de défense des droits de l’homme ont critiqué l’interdiction pour ces jeunes de circuler dans les centres commerciaux et ont fixé une manifestation samedi 18 janvier à Iguatemi contre cette mesure qu’ils jugent «discriminatoire» contre «des jeunes noirs, pauvres et adeptes du funk», la musique des quartiers populaires.

En réaction a cette discrimination, d’autres villes comme Rio et Brasilia préparent des «rolezinhos». A Rio, il a été fixé dimanche dans le shopping de Leblon, le quartier le plus chic de la ville.

Leur presse – AFP via leparisien.fr, 14/01/2014 à 19h30

Notes du blog:

* à l’origine, il s’agirait de réunions spontanées organisées via les réseaux sociaux, des « flash-mob » festives sans consommation où des jeunes des quartiers populaires dansent sur de la funk et boivent des coups ensemble.

** Lors de cette sortie, un magasin de jeux vidéo a été pillé: la porte a craqué sous la pression de la foule, mais malheureusement deux jeunes ont été interpellés par les flics et accusés de « vol avec effraction » et « vol qualifié »

À Guarulhos, à Sao Paulo par exemple, 24 personnes ont été arrêtées après un rassemblement au gigantesque centre commercial le 14 Décembre dernier, malgré qu’aucun vol n’a eu lieu (d’après la presse brésilienne).